Ce matin, en allant au terrain, j'ai assisté avec ma classe à la poursuite puis à l'arrestation d'une jeune femme par un policier près de l'école, autour du kiosque de la photo.
Rentrés en classe, je demande à mes élèves s'ils la connaissent.
- Monsieur oui ! C'est la belle-mère de Saandati.
- C'est vrai Saandati ?
- Monsieur oui, c'est une femme à mon père.
- Il est où ?
- Il est reparti à Anjouan.
- Pourquoi ?
- Monsieur il avait pas de papiers.
- Et tu sais ce qu'ils vont faire à ta belle-mère ?
- Monsieur ils vont l'emmener au commissariat.
- Et après ?
- ...
- Elle va aller au Centre de rétention et elle sera expulsée.
- Monsieur ils vont la frapper, dit un autre.
- Mais non, peut-être pas, dis-je.
Et toi Saandati, ça ne te fait pas plus que ça ?
- Monsieur elle m'aime pas!
- Et toi ?
- Monsieur un peu.
Plus tard dans l'échange, un autre garçon dira que c'est le tonton de Nassim qui l'a arrêtée.
- C'est vrai Nassim ?
- Monsieur oui.
Et Saandati avait un sourire étrange en coin.
Blindés ils sont. Fermés. Ou alors ils se protègent.
Dans un univers qui leur est devenu familier.
Grosse fatigue ...